2-2 Les
analyses théoriques sous jacentes au contrôle de gestion
Sont
maintenant présentés et expliqués les fondements du contrôle de gestion par
référence à deux courants théorique :
-
La cybernétique et la théorie de l’information
-
La théorie de l’agence ou du mandat.
b-L’approche cybernétique :
Le « paradigme
cybernétique » constitue le modèle implicite de référence dans de
nombreuses analyses de gestion, et en particulier dans celles relatives au
système d’information. La cybernétique est présentée traditionnellement comme l’étude des systèmes, considérés sous
l’angle de la commande et de la communication. Tous les systèmes
semblent donc, a priori, concernés : automates, organismes vivants,
organisations sociales. Les apports de cette discipline sont indiscutables sur
le plan de la compréhension des mécanismes mais il faut se méfier des dangers
de généralisation hâtive.
Les apports
les plus notables de la cybernétique sont les suivants :
-
Elle permet de mettre en évidence les concepts logiques du
contrôle qui reposent sur la dualité entre les actions mécaniques et les
actions d’information.
-
Par là même, elle met en évidence le rôle central joué par
l’information dans le processus de contrôle elle y apparaît sous trois formes
comme objet soumis à des opérations, comme programme d’instructions, comme
intermédiaire de la régulation, en particulier par la rétroaction, notion
devenue aujourd’hui très familière.
La théorie de l’information a apporté des compléments
intéressants :
-
Plus une situation est complexe, plus le nombre d’informations
nécessaires pour la connaître ou la commander est élevé (loi de la variété
requise) cela explique, on le verra plus loin, que les modes de contrôle
deviennent de plus en plus globaux et qualitatifs.
-
Une information renseigne
d’autant plus sur une situation que cette dernière était moins probable
se trouve ainsi justifiée l’importance qu’il convient d’accorder aux signaux
faibles, hors des champs habituels et peu agrégés.
La limite de cette approche tient au fait que
l’information n’y est considérée que par sa forme centrée sur le comportement des
automates, la cybernétique ne peut pas prendre en considération la
connaissance, la motivation, la compétence des individus. La transposition des
concepts cybernétiques au contrôle de gestion doit donc se faire de façon
restrictive. L’existence de propriétés formelles communes autorise des
analogies satisfaisantes sur le plan de la compréhension des phénomènes mais
l’entreprise possède d’autres propriétés qui ne s’accommodent pas de cette
vision réductrice.
b-L’approche contractuelle :
La théorie contractuelle des organisations, « en
voie d’émergence », renferme semble-t-il, de nombreuses potentialités
explicatives. Elle permet déjà, dans un premier temps, de faire une lecture
nouvelle des problèmes de contrôle dans l’entreprise.
Cette théorie considère l’entreprise comme un
ensemble de contrats (explicites ou implicites) désignés sous le terme
générique de mandat.
Au sens strict, le mandat est en effet un
contrat par lequel une personne (le mandant, ou principal) donne
à une autre personne (le mandataire, ou agent) le pouvoir de
faire quelque chose pour lui et en son nom. En prenant quelque distance par
rapport aux aspects juridiques, o peut dire que la relation de mandat, ou la
relation d’agence, caractérise la délégation de pouvoir, comme par exemple
celle donnée par les propriétaires aux dirigeants. Les systèmes de contrôle
externe sont la conséquence de cette différence de pouvoirs. La tenue des
comptes joue alors un rôle de surveillance, tout particulièrement sur les
avoirs de l’entreprise. Mais les systèmes comptables ont évolué graduellement
et, sans abandonner les impératifs de surveillance, ils sont maintenant devenus
plus sensibles à la réussite et à la performance dont ils permettent
l’évaluation.
Entre les responsables et leurs
collaborateurs existent également des relations de mandat : elles
s’expriment implicitement (par exemple, à travers les contrats budgétaires ou
les contrats de progrès) ou explicitement (par le contrat de projet,
effectivement signé indépendamment du contrat de travail). On peut émettre
l’hypothèse que les systèmes de contrôle interne, en particulier par les
sécurités mises en place, sont en fait des moyens pour réduire les coûts liés à
ces contrats (les coûts d’agence). En garantissant la confiance dans
l’information et en réduisant l’incertitude dans les échanges (au sens large),
ils ont une fonction d’assurance implicite.
Cette théorie, qui est loin d’être arrivée au
stade de la maturité, permet toutefois de mettre en évidence les points
suivants :
-
Elle vient compléter la vision globale de l’entreprise par une
vision plus individualiste, expliquant les ajustements élémentaires
(interpersonnels),
-
Elle réintroduit, à travers la relation de mandat, les problèmes
d’autonomie et d’engagement volontaire la confiance mutuelle s’accompagne d’une
demande mutuelle de contrôle. Cela est conforme aux études sur la communication
qui montrent que sa réalisation effective repose autant sur la confiance
réciproque entre les interlocuteurs que sur la vérité de la connaissance
transmise.
L’approche
cybernétique permet une description formelle des processus de contrôle, dans
une perspective de régulation globale. L’approche contractuelle permet de
réintroduire les acteurs dans le système. Cependant il ne s’agit là que
d’éléments de compréhension et nous ne disposons pas d’une véritable théorie.
Ces éléments suffisent toutefois pour justifier l’existence d’une demande de contrôle
qui ne cesse de s’amplifier sous l’effet d’un accroissement simultané de la
variété, de la complexité, de l’incertitude de systèmes gouvernés par des
acteurs dont la rationalité est limitée.
QUESTION
1. Délimiter et
résumer les deux approches récentes de la théorie des organisations présentées
qui précisent le fondement du contrôle de gestion.
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